“Nous sommes dans une société qui starifie la médiocrité” - Charles Pépin, philosophe. Au moment où je tombe sur cette citation, j’ignore tout de l’auteur et du contexte. Qu’importe, c’est vrai. L’argument quant à lui vient s’amonceler à une liste de sujets concordants qui me taraudent. Rien de tel que de relever le manque d’éducation, de compétence, de légitimité de quelqu’un ou d’un groupe de personnes pour qu’ils s’embrasent. Prenez une industrie non régulée comme celle des thérapies complémentaires (la mienne) et des coachs aux titres auto-proclamés et souvent créatifs, pour ne pas dire débiles. Interrogez-les sur leurs années d'expérience, leurs formations, la durée de celles-ci, leur assurance, leurs superviseurs. Creusez, posez les bonnes questions et vous n’aurez pas à attendre longtemps pour être témoin d’un lâcher de dragons. Personne n’en parle aussi intelligemment que la philosophe Julia de Funès, notamment dans son livre: Le développement (im)personnel.
Au sein d’un groupe Facebook essentiellement composé de “coachs femmes”, j’ai récemment vu passer un post de quelqu’un qui demandait conseil sur quelle formation en coaching choisir. S’en est suivi une cascade de réponses qui à 90% lui disaient: pas besoin de payer pour une formation, ça ne sert à rien, tu n’en as pas besoin. J’ai mis de côté pour cet article tout ce que cela m’inspire, à savoir: c’est immoral, malhonnête, non éthique, irresponsable, dangereux pour les futures clients et impensable que cela soit concevable. Dans la droite lignée de cet exemple, dans l’épisode #2951 de la podcast américaine Expanded, très prisée dans le milieu du développement personnel, l’animatrice et son invitée, l’astrologue Dani Beinstein, s’accordent sur l’idée que le niveau d’étude et de diplôme devraient de moins en moins compter dans les décisions d’embauche des recruteurs. Que les candidats ne devraient pas avoir besoin d’avoir les compétences requises pour le poste visé et qu’ils devraient pouvoir apprendre au fur et à mesure, une fois embauchés. Tout cela exprimé sans nuances, sans clarifications mais au contraire comme le signe d’un mouvement innovant et moderne au sein des entreprises. Vous imaginez le nombre d’industries où ce type de contre-pensée woke, si elle était appliquée, serait une catastrophe? Votre chirurgien décide au moment de vous opérer que c’est le stagiaire infirmier au bloc opératoire qui va s’en charger. Votre dentiste va laisser son secrétaire faire l’extraction de dent car ce dernier a exprimé son désir de devenir dentiste lui aussi. Le pilote de l’avion va laisser les commandes au stewart qui s’est toujours rêvé d’être aux manettes du cockpit. La thérapeute énergétique que votre collègue vous a recommandé a suivi en tout et pour tout une formation en ligne de quelques jours sur une modalité à la mode (e.g. reiki). Le nouveau professeur de yoga a l’air d’avoir l’âge de vos enfants mais se positionne en expert après s’être offert une formation en Inde de 200h au cours de laquelle seulement 100h ont été consacrées à la pratique. Ce n’est pas grave, certains diront, il faut donner sa chance à tout le monde, n’est-ce pas? Et bien non. L’excellent et très critiqué Jordan Peterson l’énonce clairement: Ne donnez pas leur chance aux gens, c’est une très mauvaise raison / stratégie de recrutement, c’est beaucoup trop risqué2.
Tout cela illustre un concept que je trouve omniprésent et inquiétant: le nivellement par le bas. Tout le monde n’a pas le goût de l’excellence, de la qualité, du talent, des standards élevés, du mérite, de la droiture, de la justesse, de l'honnêteté intellectuelle. D’expérience, les critiques pleuvent envers ceux qui ne lâchent rien à ce niveau là. De plus en plus, de nos jours, c’est la censure et les menaces qui sont appliquées aux voix dissonantes. Le docteur Robert W Malone, en est un parfait exemple. Il tente d’éveiller les consciences quand il explique qu’en laissant faire les politiques de propagandes et de censure à l’oeuvre, elles continueront “d'enfermer le monde dans un ensemble de solutions sous-optimales et l'empêcheront d'évoluer pour donner naissance à un monde meilleur pour chacun d'entre nous”. Il y a donc une forme d’obligation morale à dénoncer la galvanisation ou pire, la défense, du mauvais, du moyen, du médiocre, du manque de substance, de la superficialité. Quand c’est pauvre, manquant, insuffisant, inadéquat, dangereux, il faut oser le nommer, arrêter de s’en contenter, de minimiser ou de se convaincre que c’est autre chose que cela n’est vraiment.
En Australie, il est conseillé aux doctorants de ne pas mentionner leur statut, que c’est mal vu. Il est suggéré de retirer de sa carte de visite ou profil LinkedIn tout ce qui pourrait identifier un niveau académique d’excellence et notablement supérieur. Voilà un type de culture à fuir. Une culture qui rabaisse plutôt qu’elle n’élève.
On entend parler énormément de gens qui souffrent du “syndrome de l'imposteur”. Je crois que c’est sain. Nous sommes dans une société où les imposteurs sont de plus en plus nombreux et que le “syndrome” n’est que la voix de leur conscience qui arrive encore à percer l’illusion que porte leur égo.
Merci d’avoir pris le temps de lire.
Mahé