En ce dernier dimanche de Juin, nous - français - sommes invités à voter. Nous n’en avons pas l’obligation, nous en avons le droit. Il s’agit là d’une liberté dont le résultat sera l’expression d’une majorité, d’un collectif. Certains voteront ‘pour’, d’autres ‘contre’, d’autres ‘nul’ et certains exerceront leur droit de garder le silence.
J’ai partagé ce matin sur mon compte Instagram personnel la une de Franc-Tireur qui titre: “NON Ni RN ni LFI”1. Cela fait plusieurs jours que je prépare cet article sur le ‘non’ et une des choses que le ‘non’ établit, tout comme le titre de cette une et mon partage, c’est une posture. Notre ‘non’ est la voix de notre libre arbitre, celle d’un choix auquel nous donnons forme et que nous portons.
Tout ‘non’, pour être juste, se doit d’être l’échos d’une vérité intérieure basée sur le discernement, sur ce qui est réel. Notre ‘non’ devient alors le gardien d’un équilibre dont il est de notre responsabilité envers nous-même de conserver. Il est donc de notre devoir d’être en lien avec notre intériorité, nos valeurs, nos principes et tout simplement ce qui nous importe. Cette clarté associée à l’estime et au respect que nous nous portons vient soutenir notre ‘non’.
Contrairement à ce que nous sommes conditionnés à croire, le ‘non’ n’est pas une fin en soi, et ne signifie pas nécessairement une rupture ou un point de non-retour. Avant toute chose, l’expression du ‘non’, de manière générale, offre une clarification, à soi, à l’autre, à la vie et elle réoriente le flux d’énergie. Elle pose également une limite, un cadre. Que l’on soit en accord ou pas avec le ‘non’ émanant de quelqu’un (ou d’une situation), grâce à lui nous savons comment la personne se positionne et comment il nous est demandé de nous positionner. Il est beaucoup plus simple d’être sainement en relation avec qui que ce soit quand les règles du jeu sont clairement énoncées et transparentes. Ce qui en retour nous permet de plus facilement choisir si ‘oui’ ou ‘non’ nous souhaitons être en relation (professionnelle, amicale, intime, familiale, etc) avec la personne.
Nous avons tous été confrontés à des situations où c’est la vie elle-même qui nous dit ‘non’. Cela peut donner lieu à des moments difficiles, douloureux même. Mais si nous restons ouverts au principe même que la vie nous aime et nous veut du bien, la proposition est de recevoir ces ‘non’ comme une redirection, parfois même comme une protection. Un regard qui demande du temps, de s’y exercer et également une certaine maturité. Tout comme nous, la vie aussi essaie de garder et de rétablir des équilibres, parfois de manière ferme, voire brutale, que l’on ne comprend pas.
Tous les ‘non’ n’ont pas la même implication. Mais chaque ‘non’ reste un choix. Et à tout choix, une conséquence. C’est donc à la fois notre responsabilité personnelle et notre intégrité qui sont remises en jeu à chaque ‘non’. De fait, dire non n’est pas toujours simple. Pour certaines personnes cela semble même inconcevable. Il y a des conditionnements d’enfance qui, à moins de s’y atteler, tirent les ficelles de nos réponses d’adultes et donnent lieu (par exemple) à des comportement de sur-adaptation où l’on veut plaire et être apprécié de tout le monde, à la peur du conflit et de la confrontation, la peur du manque, la peur de se tromper et à la procrastination. Il y a le poids des traditions, des coutumes, de ce qui se fait et ne se fait pas. Ces freins au ‘non’ peuvent devenir les raisons inconscientes ou les excuses conscientes de situations où nous nous désolidarisons de nous-même. Notamment toutes ces situations où nous disons oui ou ne disons rien alors que notre vérité intérieure est celle du ‘non’, ou inversement, quand nous disons ‘non’ ou ne disons rien, alors qu’intérieurement notre équilibre appelle un ‘oui’.
Chaque fois que nous ne respectons pas notre ‘oui’ ou notre ‘non’, nous nous trahissons. Si nous multiplions les trahisons envers nous-même, au fur et à mesure du temps, c’est notre estime, notre confiance en nous, notre amour propre et notre respect qui s’étiolent. Nous rentrons alors dans un cercle vicieux, car nous avons besoin de ces traits là pour asseoir notre ‘non’ ou notre ‘oui’.
Il en va de même pour notre guidance, notre intuition, notre voix intérieure, les messages que l’invisible nous envoie. Nous en sommes tous bénéficiaires, sans exception. C’est notre système de navigation. Cependant nous avons le choix, de l’écouter, d’y répondre ou de l’ignorer. Dans le dernier cas, il s’agit là aussi d’une forme de trahison.
Notre ‘non’ nous appartient. Notre ‘non’ est sacré et appelle à la révérence, en premier lieu la nôtre. C’est de cet espace là que notre ‘non’ devient la matérialisation de notre alignement. Sans cet alignement s'accroissent les risques de violation.
Alors avec intégrité, solidarité et courage, notre ‘non’ se dit, se proclame, s’affirme, se positionne, se réitère, se renforce, se défend.
Merci d’avoir pris le temps de lire.
Mahé
Credit: @petitepoissone - post
Superb